Dias de Campo un film de Raùl Ruiz
Durée 1h30
NOTE DU PRODUCTEUR


Je connais Raùl Ruiz depuis longtemps. Plus précisément depuis que je lui ai proposé de réaliser un des sketches du film " A propos de Nice, la suite ". C'était il y a près de dix ans.

Nous sommes restés très proches et très amis depuis lors.

Nous avons eu divers projets qui ont vu le jour : un film sur le peintre Jean Miotte, qui a été acheté par la plupart des musées américains, et " Cofralandes " un ensemble de six films documentaires sur le Chili aujourd'hui.

C'est ainsi que j'ai eu l'occasion de découvrir le Chili, un pays que j'ai immédiatement aimé. A la fois à cause de son immensité - sa géographie est, en soi, fascinante - et de son côté " Europe du bout du monde ".

C'est ainsi aussi que j'ai découvert d'où était issu Raùl Ruiz, et d'où lui venait cet esprit profondément imaginatif, ludique, jouisseur, paradoxal en même temps que très ancré dans le réel.

J'ai eu l'occasion de rencontrer sa mère et l'appartement où il passa son enfance. Un appartement où elle habite toujours. J'ai pu ainsi admirer les tableaux qui le firent rêver. Des tableaux représentants des bateaux et des marins sur toutes les mers du monde.

C'est au cours d'un de ces voyages que nous avons eu l'idée de produire un film qui se passerait au Chili. Raùl Riùz n'y avait plus tourné de film de fiction depuis plus de trente ans. L'idée lui faisait peur en même temps qu'elle l'excitait. Il n'avait plus utilisé ni la langue espagnole (dans ses films !), ni d'acteurs chiliens depuis lors.

Très vite, il m'a parlé de ce court roman du début du siècle dernier de Federico Gana, un auteur très connu au Chili, très peu ailleurs. Je l'ai lu, Raùl a écrit un scénario, et nous nous sommes lancés dans l'aventure.

Je crois que le résultat est tout-à-fait exceptionnel. Exceptionnel parce que c'est un film hors du temps et inclassable. Exceptionnel parce qu'il marque un tournant dans l'oeuvre de Raùl Ruiz : il est à la fois l'aboutissement de toutes ses recherches sur la narration cinématographique en même temps qu'un retour aux sources, donc empreint de nostalgie, de mélancolie, d'alcool. De tout ce qui constitue la culture chilienne, l'âme chilienne.

Si le terme ne risquait pas de " porter malheur ", je dirais qu'il s'agit d'un film-testament. Parce qu'il parle de la vieillesse, de la mort et de la vie. Parce qu'aussi, il est, ce qui est rare dans l'oeuvre de Raùl Ruiz, " sentimental ".


François MARGOLIN
Sortie le 15 décembre 2004